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14 févr. 2018

Les gens heureux lisent et boivent du café, Tome 1.


COUP DE COEUR ♥.

Titre : Les gens heureux lisent et boivent du café, Tome 1.
Auteur : Agnès Martin-Lugand.
Genre : Contemporain.
Edition : Pocket.
Nombre de pages : 187 pages.
Prix : 6.30€.


Résumé :

« Ils étaient partis en chahutant. J'avais appris qu'ils faisaient encore les pitres dans la voiture. Je m'étais dit qu'ils étaient morts en riant. Je m'étais dit que j'aurais voulu être avec eux. »

 Diane a brusquement perdu son mari et sa fille dans un accident de voiture. Dès lors, tout se fige en elle, à l'exception de son coeur, qui continue de battre. Obstinément. Douloureusement. Inutilement. Égarée dans les limbes du souvenir, elle ne retrouve plus le chemin de l'existence. Afin d'échapper à son entourage, elle décide de s'exiler en Irlande, seule.
Mais, à fuir avec acharnement la vie, elle finit par vous rattraper...


Extrait :

 Bien qu'il m'en coûtât, je courus tambouriner à la porte d'Edward. Je finis par avoir mal à la main à force de taper sur le bois. Je me décalai pour essayer de voir à travers une fenêtre. Si je restais seule une minute de plus, j'allais devenir folle. J'entendis de drôles de bruits derrière moi et je pris peur.
- Je peux savoir ce que tu fais ? questionna-t-on dans mon dos.
Je me retournai d'un bond. Edward me surplombait de toute sa hauteur. Je me décalai sur le côté pour lui échapper. Ma peur devint totalement irrationnelle.
- J'ai fait une erreur... je... je...
- Tu quoi ?
- Je n'aurais pas dû venir. Je ne te dérangerai plus.
Sans le quitter des yeux, je continuai à reculer dans le chemin. Mon talon buta sur une pierre, je me retrouvai les quatre fers en l'air, les fesses dans la boue. Edward s'approcha de moi. Il semblait furibard, mais me tendit la main.
- Ne me touche pas.
Il s'immobilisa, arqua un sourcil.
- Il fallait que je tombe sur une Française cinglée.
Je me mis à quatre pattes pour me relever. J'entendis le rire mauvais d'Edward. Je partis en courant chez moi et me barricadai à double tour. Puis je me réfugiai dans mon lit.


Avis :

 Non, mais non ! Ce n'est pas possible d'avoir ce genre de fin dans un livre, je ne suis pas d'accord ; je n'accepte pas ça. J'ai eu envie d'étrangler l'auteur de ne pas être allé plus loin, de s'être arrêté là ; à ce moment là. Malgré le manque d'originalité, ce roman est un voyage à travers l'Irlande et la reconstruction de Diane, jeune femme veuve et mère d'une petite fille partie trop tôt. J'ai eu mal pour elle dès le début. C'est un récit court et pourtant magnifique, je n'ai pas vu les pages se tourner et le plus dur était de le lâcher ; et de le terminer !

Diane est une femme complètement perdue après le décès brutal de son mari et de sa fille. Un an plus tard, c'est un fantôme ; elle fume et ne sort jamais de chez elle. Elle se laisse presque mourir, et sans l'aide de son meilleur ami elle ne ferait plus partie de ce monde. Mais elle trouve le courage de partir de Paris pour essayer de reprendre sa vie en main, un voyage pour sa famille disparu et elle-même. En rentrant dans ce pays froid et sans bruit autre que le vent et la pluie, elle craint le pire. Toutefois elle fait la rencontre de ses propriétaires et du village où elle s'exile, elle s'y plait petit à petit sans être « guéri ». Sauf qu'elle apprend qu’elle a un voisin, le neveu de ceux qui l’héberge dans le cottage ; en le découvrant elle y voit un mauvais personnage, arrogant et pas très aimable. J'ai beaucoup aimé son caractère en dehors de sa profonde tristesse, forte et ne manquant aucunement de répondant malgré les piques blessantes de certain. Elle sait se défendre et de plus son cœur peut accueillir l'univers, une femme peut-être pas très autonome mais totalement surprenante et authentique. Je me suis prise d’affection pour cette héroïne où l’existence n'a pas choisi le bonheur pour elle.

Edward, le voisin taciturne et sans politesse. Ses méchancetés m'ont troublés, d’où vient sa colère et son côté sauvage ; homme des cavernes ? Au fil des pages on sent un garçon blessé par les femmes, un héros solitaire avec le besoin de calme et une passion pour la photographie. J’ai vraiment adoré ce personnage, tellement différent de ceux qu’on rencontre dans le contemporain. Sa dureté est très séduisante et sa douceur qu’on découvre avec le temps est bouleversante. C’est quelqu’un d’attachant, surtout quand il s’ouvre totalement ; ne laissant plus aucunes barrières autour de lui. Sa sensibilité en devient surprenante. Il semble mystérieux, puisque pendant une bonne partie du roman, nous connaissons seulement son lien de parenté avec les propriétaires de Diane. Parfois je l’ai trouvé drôle malgré sa rudesse.

Ce n’est pas une histoire lisse d’amour ou de deuil, cette œuvre regroupe l’amitié, la haine, la reconnaissance et une certaine envie de se battre. Le voyage en Irlande est fascinant, bien plus qu’à Paris. Le froid, le vent, la pluie ; les éléments du ciel se déchaînent et pourtant ce roman est un soleil à lui-même. À travers cet exile, un voisin s’y cache ; un homme plutôt hargneux. Et il y a Diane, cette femme au cœur brisé par la perte de sa fille et de son mari. Sauf qu’ils ne sont pas seuls dans la synopsis, Judith ; la sœur d’Edward et Felix, le meilleur ami de notre héroïne. Un livre familial et amical, plein de bon sentiment et ayant souvent des moments douloureux, j’ai ressenti chaque émotion ; la peur, la haine, la colère, la curiosité, les cœurs battants et les envies de fuir. Dans ce style d’ouvrage, on ne recherche plus l’originalité – mais souvent l’authenticité, la sincérité de l’auteur et des sentiments qu’elle souhaite faire passer. Toujours est-il, que le suspense est présent ; puisque le dénouement me laisse sur ma faim, avec plusieurs questions en tête dont je vais résoudre avec la suite « La vie est facile, ne t’inquiète pas ».

Agnès Martin-Lugand est une écrivain remarquable, malheureusement je me suis seulement laissé tenter maintenant à cette perle de la littérature française. La façon dont elle écrit est déstabilisante, puisqu’elle ne passe pas beaucoup de temps à décrire certaine chose, sautant des faits et des instants peut-être agréable. Au fond c’est une auteur prenant les détails essentiels en compte et nous laisse dans un sens imaginer le reste. Sa plume est fluide, surtout avec un roman court ; elle est simple et pourtant poignante. Une écriture légère, avec une grande part de dialogue et un nuage d’humour dans une histoire commençant par la dépression.

« Les gens heureux lisent et boivent du café » me correspond dans le style, l’écriture, les émotions, le mystère ; et toute la vie et l’espoir qui en ressort. De mon point de vue, malgré le peu de page ; ce roman en révèle bien plus que d’autre. Les protagonistes semblent clichés, surtout avec le meilleur ami homosexuel ; comme toujours ce genre de personnalité rajoute le petit plus, le grain de luminosité. Diane et Edward ne sont pas si différent l’un de l’autre que ça, et leur agacerie mutuelle ne laisse aucun doute sur leur futur relation ; le suspense s’aperçoit dans les rebondissements et le final. Une histoire évidemment magnifique, incroyable et touchante ; avec une plume concise tout en finesse et beauté, naturelle et vraie.


Note :
10/10.

1 commentaire:

  1. Cela a l'air d'être une histoire qui pourrait me plaire :) Merci pour cette découverte, car je n'en avais jamais entendu parler :)

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